Au terme d’un parcours de formation entamé en juillet dernier, je viens d’obtenir la certification « assesseur consultant » par la CDC Biodiversité pour accompagner les entreprises dans l’évaluation de leur empreinte biodiversité via le Global Biodiversity Score© (GBS). Après avoir créé en 2005 la première société de conseil en biodiversité et accompagné nombre de grandes entreprises sur ces sujets, un pas important dans mon travail a ici été franchi : pouvoir mesurer quantitativement l’empreinte biodiversité des entreprises. Combien de fois ai-je entendu des entreprises me demander un score, un indicateur unique de biodiversité. Et combien de fois leur ai-je répondu que cela n’existait pas et qu’il était par ailleurs très difficile d’enfermer la biodiversité dans des tableurs excel !
Si la prise de conscience des entreprises a progressé au cours de ces deux dernières années, l’enjeu de la biodiversité et les réponses qui sont apportées restent très en retrait par rapport à la problématique carbone.
Si je n’ai toujours pas changé d’avis sur cette difficulté à modéliser le vivant, je sais pertinemment que seule cette approche conduira les entreprises à traiter sérieusement le sujet de la biodiversité. Il faut se rendre à l’évidence : si la prise de conscience des entreprises a progressé au cours de ces deux dernières années, l’enjeu de la biodiversité et les réponses qui sont apportées restent très en retrait par rapport à la problématique carbone. Principale raison : l’absence d’outils, d’indicateurs, de métriques pour évaluer leurs impacts sur la biodiversité. A l’instar du carbone et de son indicateur magique mesurant les émissions de gaz à effet de serre, les entreprises ont besoin d’une métrique agrégée, compréhensible par tous et mesurant l’empreinte biodiversité à l’échelle de l’ensemble de la chaîne de valeur.
Des outils très disparates de mesure de la biodiversité se sont multipliés ces derniers années. Difficile de s’y retrouver.
Face à cette demande, un large éventail d’approches de mesure de la biodiversité s’est construit ces dernières années. Cependant, celles-ci se développent en parallèle avec peu de possibilités d’alignement entre les différentes approches. Difficile de s’y retrouver. La collaboration Aligning Biodiversity Measures for Business, menée par le Centre mondial de surveillance de la conservation de la nature du Programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP-WCMC), s’efforce ainsi de faire émerger une vision commune parmi les principales parties prenantes sur la mesure et le suivi de l’impact des entreprises et de leur dépendance à l’égard de la biodiversité. L’objectif est d’aboutir à un socle commun entre les approches de mesure de la biodiversité. Oui mais quand ? Face au déclin vertigineux de la biodiversité, la lutte contre l’effondrement de la biodiversité doit être une priorité et une urgence pour les entreprises. Car elles ont leur part de responsabilité. En utilisant et en puisant dans le patrimoine naturel pour fonctionner, elles contribuent lourdement aux 5 grandes causes de la dégradation du vivant : changement d’usages des sols, surexploitation de ressources naturelles, pollutions diverses, changement climatique et introduction d’espèces exotiques envahissantes.
Le développement d’un indicateur de mesure de l’empreinte biodiversité est donc indispensable pour doter les entreprises d’un outil d’aide à la décision afin de réduire les impacts sur la biodiversité, mesurer les progrès réalisés et assurer leur durabilité. Il s’agit d’ailleurs d’une demande du Plan Biodiversité de la France et une recommandation de la Plateforme RSE sur la prise en compte de l’enjeu de la biodiversité dans le reporting extra-financier des entreprises .
Le GBS permet d’évaluer quantitativement l’empreinte biodiversité d’une entreprise à travers un indicateur de mesure relativement simple
S’il n’est pas infaillible (quel outil l’est aujourd’hui !) et s’il nécessite à l’évidence des ajustements et des améliorations, le Global Biodiversity Score© répond à ces attentes : évaluer quantitativement l’empreinte biodiversité d’une entreprise à partir d’un indicateur de mesure relativement simple. Il faut donc se réjouir de l’arrivée de cet outil de mesure tout en se répétant à l’envi qu’un outil n’est pas une fin en soi : il faut savoir s’en servir et surtout à quoi il va servir. Combien de bilans carbone sont restés sans effet, présentés dans les rapports extra-financiers comme des éléments de comptabilité, voire des trophées. Évitons ce piège et faisons en sorte que la mesure de l’empreinte biodiversité des entreprises ne soit pas un aboutissement mais au contraire le commencement d’une nouvelle ère dans la prise en compte de la biodiversité par les entreprises.